Au début de l’été j’ai participé à un séminaire dans lequel j’ai eu plusieurs occasions de danser. L’une d’elle était la soirée festive du dernier jour. A un moment une chanson très aérienne et éthérée est passée et j’ai laissé mon corps y répondre en déployant mes bras, mes ailes et en m’étirant vers le ciel. Une personne le lendemain m’a dit « ahlala, quand tu danses, t’es très aérienne, j’adore ». Elle a été touchée par une danse et elle a conclu que toutes mes danses sont ainsi. Ce qui est encore plus intéressant c’est que cette personne était présente aussi lors des autres danses, celles sur des rythmes africains où je tapais des pieds par terre la colonne penchée en avant…. Bien dans la terre ! Sa généralisation n’est donc pas venue de ce qu’elle a vu, mais de ce qui a le plus retenu son attention, dans ce cas, ce qui lui a plu. C’est donc une généralisation d’une impression positive…
On m’a aussi souvent imposé un reflet de moi basé sur une généralisation négative. Des personnes qui m’ont vue pendant des jours avenante, souriante, le cœur ouvert, m’ont tout à coup catégorisée « tigre » ou « colérique » après un évènement qui a ouvert l'énergie de colère en moi. Ne pouvant prendre du recul sur cette énergie de colère exprimée, même pas dirigée directement contre elle-eux, leur esprit s’est focalisé dessus et a effacé tout le reste pour conclure « Mélisa est colérique ».
Comme pour la danse « aérienne », la colère a occupé, dans le temps total du lien, un tout petit bout, disons 5%. Mais l’esprit ne retient pas la vérité, il retient ce qui vient le chercher, l’animer, le cueillir. Cette personne qui a aimé ma danse aérienne vibrait avec cela et c’était bon pour elle. Alors elle l’a retenue au-dessus de tout le reste. Ces personnes qui ont fortement rejeté l’énergie de colère (non-exprimée vers elles-eux) vibraient avec cela et ce n’était pas agréable à ressentir. La personne qui complimente ma danse me parle d’elle, de ce sentiment aérien, léger qu'elle ressent facilement et qui lui fait tant de bien. La personne qui blâme l’expression de ma colère me parle d’elle, de ce sentiment brûlant dont elle ne veut/peut accepter la présence en elle.
Dans les deux cas, que la généralisation soit positive ou négative, elle est difficile à recevoir pour moi car je me sens découpée, obligée de correspondre toute entière à ce qui n’est qu’un tout petit bout de moi. J’ai un sentiment intense de frustration de NE PAS ETRE VUE POUR CE QUE JE SUIS : Changeante, complexe, incohérente, VIVANTE.
Avez-vous déjà ressenti cela ?
Que faites-vous pour éviter vous-même d’imposer de telles généralisations sur les personnes qui croisent votre chemin ? Arrivez-vous à prendre en compte toute leur complexité lorsqu’elles vous éblouissent, que ce soit de lumière ou d’ombre ? Arrivez-vous à ne pas les mettre en boîte ?
Reconnaissez-vous ce qui en vous vibre avec l’expression de ces personnes et vient animer votre propre beauté et votre propre ombre ?
Comme disait Rogers il y a soixante ans : "Une personne est un processus vivant, pas une entité fixe et statique" (Le Développement de la Personne).Aborder une personne (ou soi-même !) à partir d'une idée figée, définitive, que l'on a sur elle c'est non seulement la réduire à infiniment moins que ce qu'elle est, mais c'est aussi l'empêcher d'évoluer.
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