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Méditation - Je suis la déesse de la destruction

melisarachelle
Je suis la déesse de la destruction
Déconstruction
Je suis sombre, noire
Sans moi pas d’espace, pas de souffle
Sans moi pas de transformation
Pas d’oubli ni d’errance
Propice à l’éclaircissement
de ce qui est en-dessous
Sombre je détruis les illusions
Sans moi point de vérité
 
Tant ne me comprennent pas
Tant ne comprennent pas cette partie d’elles-mêmes
Elles pensent qu’elles doivent me détruire ou m’ignorer
Alors qu’elles doivent m’aimer
M’aimer
Si fort
Si fort
Qu’elles me laisseront faire
Lorsqu’il sera tant de détruire ce qui ne sert plus
Ce qui dessert
Les liens
Les pensées
Les mensonges
Lorsqu’il sera tant de trancher
D’être claire et intransigeante
Elles ne comprennent pas ma Lumière
 
Seule mon ombre fait apparaître la lumière
Merci
Sans moi pas d’éternité
Sans moi seule la fade, éphémère et solitaire création
 
Qui a le courage de déconstruire ?
Qui a le courage de détruire ?
Qui a le courage de Vivre ?
 
Infinie gratitude
 
Amour Lumière éternelle
Je suis la déesse de l’Amour
Tout est mon fruit
Je sublime
Je casse
Je détruis
J’ensemence
Je jette, récolte, m’enfuis, me soumets et me bats
JE SUIS
 

Ces mots me sont venus en dansant il y a quelques semaines.

Ils résonnent étrangement bien avec le chaos apparu subitement dans ma vie il y a dix jours, un chaos que je n’avais absolument pas anticipé. Un de ces chaos aussi incompréhensibles qu’inattendus et qui redistribue toutes les cartes du jeu.

Un évènement est venu détruire, anéantir un rêve que j’avais. Un rêve qui empêchait la réalité, un rêve qui m’appartenait en même temps qu’à des millions (milliards ?) d’entre nous. Un rêve que vous avez ou avez eu peut-être. Celui de la princesse et de son prince charmant qui s’aiment pour toujours sans anicroche ni challenge personnel intense.

L’anéantissement de mon rêve est encore proche alors c’est encore un peu dur d’écrire à son sujet. Mais la déesse de la destruction a parlé et je veux l’écouter.

Je veux l’écouter parce que je sens que derrière le désespoir dans lequel elle m’a poussée, scintille une lumière infiniment plus puissante et plus belle.

L’épreuve que j’ai vécue, dont je sens encore dans chacun de mes membres toutes les répercussions, m’a ramenée au sol et c’est comme si ce sol justement n’était qu’un long chemin d’embuches, ou plutôt, dans mon cas, un long chemin de solitude, un vide dans lequel je tombe et tombe à l’infini. La vie m’est apparue ainsi, trop difficile. Et en parlant autour de moi j’ai vu tout le monde acquiescer à cette affirmation : « c’est tellement dur de vivre ». J’ai été très entourée ces dix derniers jours. Personne ne m’a dit « mais non, c’est merveilleux la vie », comme si tout le monde luttait pour essayer d’être juste bien, de réduire la souffrance au minimum sans y parvenir. Alors je réalise que lorsque je disais que c’est merveilleux la vie j’étais en réalité sous l’emprise de mon rêve. J’étais dans la matrice. Quand on m’a forcée à en sortir, j’aurais tout donné pour prendre la petite pilule bleue* et me rendormir. Qui voudrait se réveiller dans un monde où la souffrance est partout ? Où les êtres conscients sont exceptionnellement rares, où la plupart d’entre nous sommes régis par des croyances étriquées qui permettent seulement de survivre et où personne, vraiment personne, ne s’aime pour de vrai. L’amour de Soi. Je l’ai ressenti quelque fois dans ma vie, un vrai, profond amour de moi, exactement comme le sentiment amoureux mais dirigé vers moi. C’était fantastique, et éphémère toujours. Cette vie-ci ne nous apprend pas à nous aimer. Même les parents les plus aimants ne peuvent apprendre à leurs enfants à s’aimer car il ne s’aiment pas eux-mêmes.  

J’imagine que vous vous demandez où est, dans tout cela, la lumière infiniment puissante et belle dont je parlais tout à l’heure. Hé bien elle est là, dans la capacité à rester avec ce regard réaliste. Le rêve était infiniment doux, mais il y avait cette part de moi qui savait que ce n’était qu’un rêve, qui savait que je n’étais pas vraiment vivante là-dedans, que pour le maintenir je devais retenir tant de parts de moi. Et c’est ça la vraie souffrance, c’est d’être dans du faux. C’est de brimer des parts de nous, de sélectionner ce qui est ok et ce qui ne l’est pas dans l’infini richesse qui nous constitue. C’est de ne vivre qu’à moitié, ou moins que ça. Paradoxalement, en acceptant d’ouvrir les yeux – un peu forcée par les évènements ! – sur l’état du monde aujourd’hui qui m’attriste, me révolte, me désespère parfois, je trouve, aussi surprenant que cela soit, un calme et une paix intérieure qui m’ouvre à la vraie joie. Cette joie qui ne repose sur rien ni personne. Ce n’est pas l’extase avec le Grand Tout que j’ai connue à d’autres moments de ma vie et qui m’a fait croire que je vivrai cela désormais à chaque seconde. Ce n’est pas non plus cet amour intense pour moi-même. C’est encore autre chose. C’est plus plat, plus simple et je crois plus profond et plus réel. A l’instant où j’arrive à être avec « oui le monde aujourd’hui est ainsi, inconscient, entièrement fait de projections, de certitudes destructrices et de croyances limitées. Tout le monde souffre de rejet, d’abandon, d’humiliation, tout le monde dissimule la colère qui autrement lui ferait tout bruler sur son passage, tout le monde porte une culpabilité insupportable d’exister et chacun-e trouve ses propres stratégies pour survivre, uniquement survivre, en arrachant quelques bribes de plaisir dans un quotidien le moins pénible possible », et à rester simplement avec cela, sans plus essayer de recouvrir cette vérité de promesses du futur ou d’un « journal des bonnes nouvelles », à cet instant où la réalité est simplement ce qu’elle est, mon cœur s’ouvre. Je ne la déplore plus. Je ne m’en sens plus victime. Je touche cet indicible « Je Suis » si difficile à mettre en mots car il ne contient aucun mot. Il n’a rien à prêcher. Il ne croit rien. Il acquiesce à tout. Il Est. Simplement.

Et il est mon réconfort. C’est Lui qui m’apaise. Les espoirs que cela change, que les choses changent pour moi aussi, à mon tout petit niveau individuel, dans ma toute petite vie, le report de responsabilité sur l’autre, la colère, les interprétations et justifications psychologiques, même les distractions ne me sont d’aucun secours cette fois. Aucune croyance ne m’aide. J’ai utilisé bien sûr tout cela et plein d’autres choses pour fuir l’angoisse insupportable du choc. Et une fois le paysage ravagé, j’ai seulement eu envie de rester là et de sentir le cadeau de ce chaos. Le cadeau de la fin des illusions. Le cadeau de cesser de sélectionner en moi ce que je montre et ce que je cache. Le cadeau de détacher tous les harnais de sécurité que j’avais inconsciemment monté au-dessous de mon rêve car je savais qu’il céderait tôt ou tard. Eux aussi étaient illusoires, ils n’ont pas fonctionné. Je suis tombée. Quel soulagement!

Ce qui est étrange c’est que c’est au moment où j’accepte le chaos que la vie revient, que la joie reprend ses droits sur mon être, comme ça, sans rien faire. Elle revient d’elle-même. Sans effort.

Je sens une nouvelle moi qui renaît. Je suis tellement surprise par la rapidité du processus vivant ! Ça va si vite ! Mais je ne vais pas encore trop en dire sur cette nouvelle moi que je sens naître, il faut quand même laisser le temps au temps…

A suivre donc…
 

(*référence au film Matrix)


26 vues1 commentaire

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1 comentário


sandrine.evroux
13 de fev.

Tout simplement magnifique

Je n',ai pas de mots pour dire combien je suis touchée par tes talents d'écriture..

Tout est juste, profond et beau

Gratitude Mélisa

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